La Trilogie psychiatrique

Se palper pour s’assurer d’une réalité.
Se toucher pour s’effleurer l’esprit. Se malmener pour se ressentir. Plus fort. « Endolori » n’est-il pas l’anagramme d’« indolore » ?… Se masturber pour régresser, se contracter, s’autocentrer, censurer la pensée. S’aimer de rudesse pour se leurrer d’une quelconque estime de soi. Élever alors ce faux amour en vrai barrage, en fin plutôt qu’en moyen, en arme plutôt qu’en chance. S’y perdre, s’y abreuver, s’y saouler, comme on se drogue aux autres, à la consommation, aux sensations, à l’insécurité de son être. Et en dépendre tout entière.

Se meurtrir pour se punir.
Payer pour les infractions, les lacunes, les discontinuités. Et jouir aussi, de l’égotisme et du masochisme de ceux qui flirtent avec la limite, rasent les murs, s’approchent du vide et concentrent jusqu’au débordement… Divaguer, angoisser, s’ennuyer, exploser, rater, provoquer, désespérer, puis ne rien faire qu’errer… Errer comme une âme en panne.
Ne pas faire qu’un, n’être qu’un amalgame.

Volupté. Involution. Paradoxe.
La panthère à cinq pattes quittait lentement son antre douillet. Cette main gauche, parsemée avec soin de multiples brûlures de cigarette – tatouée de savane –, s’extrayait avec langueur du fourreau duveteux. Dolores reposa lourdement sa tête sur l’oreiller, détendit son cou et tous ses muscles crispés par la montée vers l’extase… La musique avait couvert ses couinements.
La lame du ciseau, elle, n’avait scarifié que quelques traits superficiels. Par-dessus les précédents, qui avaient eux-mêmes succédé à d’autres coupures rageuses. Prix de souffrances qui, en leur temps, en avaient tout de même dit plus long que l’indicible.
Dessins primitifs, art brut, barreaux d’un détenu aux fenêtres de sa prison, peintures
rupestres sorties d’une préhistoire personnelle…
Ou bien code barre sur un vulgaire quartier de boeuf.