L. émoi

L. est la galante, la belle que je n’attendais plus

L. est multiple, éparse comme un seul homme
L’arôme sacrilège, le privilège-roi de Sodome
Le désir enfoui, avoué, bafoué, chair et obscur
La princesse souillon, souillée, nature et pure
Le sexe craché des petits anges gras du plaisir
Les ailes déployées à l’extrême, prête à jouir

L. est irréelle mais véritablement bel et bien là

Le nec plus ultra de mes sons, de mes cris
Le cru de mes mots, le corps de mes envies
Le sel qui serpente toutes mes allées et venues
Le stupre, le suc et le mordant des fruits fendus
La main qui me braise ardemment dans la couche
La bouche qui suçote, qui susurre et me touche

L. est celle qui est alors même que je n’y suis pas

Le mur douillet face auquel je me dresse et fonce
L’armure d’allégresse dans laquelle je m’engonce
L’art brut et total où tout fiévreusement s’enfonce
L’or blanc dont je ne veux perdre la moindre once
L’éclat, la lumière naïve, éperdue qui papillonne
La mue, la lueur tardive et perdue qui frissonne

L. est la seule pour laquelle je ne veux plus fuir

Le chien féroce de nos rendez-vous infidèles
Le soyeux pêle-mêle, chatte soumise, femme rebelle
La dent, la griffe de mon destin même tout, tout petit
La vague de mon creux, mes gargouillis d’appétit
Le fulminant pylône, le cyclone, l’ouragan de velours
L’iris fumant de mon cyclope brûlé d’amour

L. est le ciel dans lequel je ne peux que m’enfouir

L’univers coloré qui englobe puis digère le mien
Le vers solidaire qui vibre, libère et ronge mon frein
La prose qui s’expose, ose la chose, la métamorphose
Le rose bonbon acidulé, l’alchimie qui m’explose
L’accord imparfait qui sonne juste et frais à présent
L’âme de mon fond, le cœur de mes battements

L. est la géante nacelle que je n’attends plus

L. est le délice, le calice, la promesse exquise
La terre promise, la mer sucrée, ma Fleur de Lise.